La Banque d’Angleterre se trouve à la croisée des processus décisionnels économiques face à la politique monétaire complexe du Royaume-Uni. Alors que le pouls du marché dépend de chaque mot du gouverneur Andrew Bailey, les spéculations tourbillonnent sur les prochains mouvements des taux d'intérêt dans un contexte de fluctuation des taux d'inflation.

Pour le moment, le Comité de politique monétaire (MPC) de la Banque d'Angleterre penche pour le maintien du taux d'escompte à 5,25 %. Cette décision, qui devrait être confirmée lors de leur annonce jeudi à midi, reflète une approche prudente dans une période d'imprévisibilité économique. Les traders et les analystes gardent un œil attentif sur cette évolution, pariant sur les nuances de la prochaine déclaration de Bailey et sur les allusions potentielles à un ajustement des taux cet été.

Source : Banque d'Angleterre Le terrain délicat de l'inflation et des taux d'intérêt

Les données sur l’inflation de mars montrent une hausse modeste à 3,2 %, un léger dépassement par rapport aux chiffres anticipés, mais toujours loin de l’objectif de 2 % de la Banque. Hors composantes volatiles comme l’énergie et l’alimentation, l’inflation sous-jacente s’établit à 4,2 %, l’inflation des services – une mesure essentielle à prendre en compte dans l’élaboration des politiques – s’établissant à 6 %. Malgré ces chiffres, le gouverneur Bailey reste optimiste, citant de fortes indications d’un ralentissement de l’inflation en raison du resserrement des conditions financières.

Cependant, l’inflation générale connaît un changement radical. Les prévisions laissent entrevoir une forte baisse en avril, propulsée par une réduction notable des coûts de l’énergie en glissement annuel, ce qui pourrait ramener le taux sous la barre des 2 %. Cette baisse anticipée pourrait influencer la stratégie future de la Banque, poussant les décideurs politiques à reconsidérer leur position le plus tôt possible.

Divergence et décisions

Sur la scène internationale, les stratégies monétaires divergent fortement. Alors que la Réserve fédérale américaine a repoussé toute baisse potentielle des taux à la fin de l’année en raison d’une hausse des taux d’inflation, les banques centrales européennes tracent une voie plus indépendante. Les baisses de taux inattendues de la Banque nationale suisse et les ajustements prévus par la Riksbank de Suède témoignent d’une approche proactive en Europe, contrastant avec la position prudente de la Fed.

La Banque d’Angleterre, quant à elle, navigue dans ces eaux turbulentes avec une stratégie qui pourrait conduire à des baisses de taux plus tard dans l’année. Cette perspective est renforcée par les commentaires d’experts comme Francesco Garzarelli d’Eisler Capital, qui souligne l’importance de la répartition des votes à venir au MPC comme indice des décisions politiques de juin.

Les analystes du marché pourraient toutefois sous-estimer le rythme et l’ampleur des baisses de taux potentielles. L’inflation étant censée descendre jusqu’à 0,5 % plus tard dans l’année, la Banque pourrait être obligée de s’attaquer non seulement à l’inflation mais aussi au risque qu’elle tombe trop bas. Les prévisions de Capital Economics suggèrent une baisse plus agressive en juin, qui pourrait ramener les taux à 3 % l’année prochaine, contrairement aux attentes plus conservatrices du marché qui tablent sur un taux de 4 %.

Malgré cette dynamique, le message principal du comité de politique monétaire de Bailey reste la prudence. La Banque est sur la voie d'une normalisation de sa politique monétaire, avec des baisses de taux envisagées mais non garanties. Les indicateurs économiques dicteront leur rythme et leur ampleur, chaque réunion du comité de politique monétaire apportant de nouvelles décisions basées sur les données les plus récentes.

Bailey n’a pas pris l’engagement définitif de modifier le taux bancaire en juin, indiquant que de telles décisions dépendraient de l’évolution des données économiques. Cette approche prudente souligne l’engagement de la Banque à réagir de manière mesurée, soulignant l’absence d’idées préconçues sur le rythme ou l’ampleur des baisses de taux potentielles. En outre, Bailey a souligné les tendances divergentes entre la dynamique de l’inflation au Royaume-Uni et aux États-Unis, soulignant l’indépendance de la politique monétaire du Royaume-Uni par rapport aux décisions de la Réserve fédérale.