Comme vous le savez peut-être, l’un de nos chers collègues, Tigran Gambaryan, est détenu par le gouvernement nigérian depuis plus de 70 jours. De nombreuses figures publiques se sont exprimées à propos de cette situation, et j’ai souhaité profiter de l’occasion pour rétablir les faits afin que la perception de la communauté mondiale ne soit pas injustement déformée. Je pense également qu’il est temps de parler de cette affaire au nom de la communauté commerciale mondiale : inviter les employés de niveau intermédiaire d’une société à des réunions destinées à l’élaboration collaborative de politiques dans le but de les placer en détention a créé un nouveau précédent dangereux pour toutes les entreprises du monde entier. 

Je vais commencer par vous parler un peu de Tigran, une personne que j’ai appris à bien connaître depuis que j’ai rejoint Binance et que j’admire profondément. L’ironie, et l’aspect le plus regrettable de cette situation, est qu’une personne engagée dans la lutte contre la criminalité mondiale, qui jouit d’une excellente réputation dans ce domaine et est professionnellement reconnue par ses collègues dans les secteurs privé et public, se trouve en état d’arrestation au Nigeria depuis plus de deux mois pour des motifs fallacieux. 

Tigran a consacré sa carrière à la lutte contre les crimes financiers. Ses dix années passées en tant que policier fédéral ont été rapportées dans un livre intitulé Les criminels de la cryptomonnaie : traque au cœur du Dark Web, où vous pourrez découvrir son illustre carrière dans la lutte contre le crime.  

Ancien agent spécial de l’IRS américaine, il a rejoint Binance pour poursuivre son travail : il a réalisé qu’il pourrait faire encore plus de bien dans le monde en mettant ses services à la disposition de la plus grande entreprise de ce secteur naissant, en vue de tenir à l’écart les acteurs malveillants et de préserver l’intégrité du marché.  Quiconque a quitté la fonction publique pour rejoindre une organisation privée dira la même chose : il est parfois possible d’avoir une influence positive encore plus grande en travaillant pour un acteur privé d’une envergure extraordinaire. 

Au vu de son expérience, Tigran a été embauché en 2021 pour aider Binance à développer et à mettre en place des contrôles de conformité plus rigoureux, dédiés à la collaboration avec les forces de l’ordre et à la lutte contre les crimes financiers. En sa qualité de responsable de l’équipe de la conformité en matière de criminalité financière (CCF) de Binance, il a ardemment défendu l’élaboration de politiques et le développement de capacités de conformité au sein de Binance qui établissent de nouvelles normes pour le secteur. En 2022 et 2023, l’équipe de CCF de Tigran a aidé les forces de l’ordre mondiales à geler et à saisir plus de 2,2 milliards de dollars d’actifs, dont plus de 285 millions de dollars en coopération avec des organismes américains tels que le FBI, le DOJ, la DEA et d’autres encore.

Enfin, il est important de noter que Tigran ne s’est pas rendu au Nigeria en tant que « décideur », ni « négociateur » : il exerçait simplement ses fonctions d’expert en matière de criminalité financière et de renforcement des capacités dans le cadre de discussions visant à élaborer des politiques. 

Le contexte de la situation au Nigeria 

Je pense qu’il est important de revenir quelques années en arrière pour obtenir une vue d’ensemble plus claire de nos activités au Nigeria, car en réalité, toute cette histoire a commencé il y a près de deux ans.

De 2022 à 2023

En mai 2022, la Securities and Exchange Commission (SEC) du Nigeria a publié ses réglementations concernant les actifs numériques, qui ont placé la cryptomonnaie dans son champ d’action. Ces règles imposaient aux plateformes d’échange crypto opérant au Nigeria l’obtention d’un permis de la SEC et le respect de certaines exigences, sans toutefois énoncer plusieurs des principaux impératifs dont dépend l’octroi de ce permis (par exemple, les détails du processus de demande, des frais de licence, etc.), ce qui rendait pratiquement impossible la demande de licence. 

Binance a pris contact de manière proactive avec la SEC à plusieurs reprises pour demander des conseils pratiques sur le processus d’octroi des licences, et a proposé d’ouvrir le dialogue avec les autorités nigérianes à titre consultatif. 

Ainsi, dans une lettre datée du 22 juin 2022, Binance a déclaré qu’elle « se réjouirait et serait reconnaissante de la possibilité d’une collaboration avec la SEC et d’autres acteurs du secteur dans le cadre de la coalition blockchain au cours des prochains jours pour clarifier l’application des nouvelles règles, en particulier concernant l’interaction de ces règles vis-à-vis de la position adoptée par la Banque centrale du Nigeria, la structure des frais d’octroi de licences et les conséquences de l’enregistrement sur la facilitation des comptes bancaires dans la région. » 

Binance n’a toutefois jamais reçu de réponse de la SEC, et à notre connaissance, aucun fournisseur de services liés aux actifs virtuels (VASP) n’a obtenu le permis imposé par la nouvelle réglementation à ce jour. 

Près d’un an plus tard, le 9 juin 2023, la SEC a publié une circulaire sur son site Web pour mettre en garde le public nigérian contre les activités de la plateforme d’échange Binance et ordonner à l’entreprise de cesser immédiatement de démarcher les investisseurs nigérians. La circulaire déclarait que « Binance Nigeria Limited n’est ni enregistrée ni réglementée par la Commission, et ses activités au Nigeria sont donc illégales… Par cette circulaire, Binance Nigeria Limited est enjointe de cesser immédiatement de démarcher les investisseurs nigérians sous quelque forme que ce soit. »

La référence faite dans la circulaire à « Binance Nigeria Limited » était incorrecte : Binance Nigeria Limited n’est pas affiliée à Binance et a été enregistrée par des tiers en violation de la marque Binance et à des fins d’arbitrage, dans l’éventualité où Binance souhaiterait s’implanter au Nigeria. Néanmoins, il était clair que la SEC visait la plateforme d’échange Binance. 

Reconnaissant que l’intention de la SEC était d’adresser cette circulaire à la véritable plateforme d’échange Binance, Binance a immédiatement suspendu ses activités de démarchage au Nigeria, notamment ses publicités payantes, son référencement naturel, ses événements organisés en ligne et en personne, ainsi que toutes ses communications visant les utilisateurs. Ces restrictions sont toujours en vigueur aujourd’hui.

Dans la lettre que nous avons envoyée à la SEC à cette époque, nous avons réitéré que Binance était « totalement prête à coopérer avec la Commission et à se conformer aux réglementations applicables ». Nous avons aussi demandé une réunion avec la SEC, en précisant avoir déjà proposé par le passé une telle rencontre sans recevoir de réponse de sa part. 

Encore une fois, la SEC n’a pas donné suite à ce courrier. Nous avons continué de collaborer de manière constructive avec la SEC en commentant ses réglementations modifiées, et notre dernier commentaire remonte au 29 mars 2024. 

En août 2023, nous avons décidé de participer activement au secteur des actifs numériques du Nigeria. Nous avons commencé à apporter notre soutien à la Digital Currency Coalition (DCC), une association du secteur qui regroupe les principaux fournisseurs de services liés aux actifs numériques locaux et étrangers au Nigeria, en promouvant l’engagement réglementaire et le lobbying pour la mise en place de réglementations concernant les cryptomonnaies. 

En novembre 2023, tout comme nous l’avons fait pour les forces de l’ordre du reste du monde, Binance a animé une formation en matière d’application de la loi destinée au Service nigérian du renseignement financier (NFIU) et à la Commission nigériane contre les délits économiques et financiers (EFCC). Ces initiatives ont contribué à renforcer les efforts de lutte contre la criminalité impliquant des cryptomonnaies dans le monde entier, mais constituent également un outil essentiel pour tisser des liens permettant à l’équipe de Tigran de collaborer plus étroitement avec les forces de l’ordre.

Début décembre 2023, Binance a reçu une lettre du président de la commission des services financiers de la Chambre des représentants (HCFC) nous demandant de comparaître à une audience d’investigation publique prévue moins de deux semaines plus tard. 

2024

En utilisant des canaux informels, nous avons finalement réussi à convenir avec la HCFC que l’audience devait être reportée au 10 janvier 2024 afin de nous accorder un délai réaliste pour nous y préparer et envoyer une délégation d’employés de Binance experts sur les sujets dont il fallait débattre. 

Tigran Gambaryan et plusieurs autres membres de notre équipe se sont rendus au Nigeria pour participer à cette réunion et à d’autres réunions ultérieures. Le 5 janvier, les employés de Binance ont rencontré le NFIU pour discuter du partage d’informations ainsi que du renforcement continu des capacités. La prochaine étape convenue était l’envoi par le NFIU d’un mémorandum d’entente définissant les modalités proposées du partage d’informations liées à la lutte contre le blanchiment d’argent (LCB).

Le 8 janvier, avant l’audience, les employés de Binance ont rencontré en personne trois membres de la HCFC ainsi qu’un greffier à Abuja, dans les locaux de la Chambre des représentants. Ce rendez-vous privé convenu était présidé par Messieurs Peter Akpanke, Philip Agbese et Peter Aniekwe, ainsi que par un greffier. 

Au cours de la conversation, la HCFC a souligné l’importance des problèmes soulevés et les efforts qu’elle était prête à déployer pour convoquer Binance, notamment en lançant des mandats d’arrêt contre notre équipe et notre PDG et en empêchant notre équipe de quitter le pays. Bien que ces paroles soient préoccupantes, il a été entendu que dans les faits, la HCFC n’est pas habilitée à délivrer des mandats d’arrêt. 

La HCFC a confirmé que l’audience publique aurait lieu le 10 janvier, et que Binance aurait la possibilité de répondre publiquement à toutes les allégations en présence des pétitionnaires, de la presse et de plus de 30 organismes. 

Malgré plusieurs demandes, Binance n’avait toujours pas reçu le détail des allégations en question, et nos employés ont donc demandé s’ils avaient la possibilité de soumettre nos réponses par écrit et sans audience publique. Ils ont formulé cette demande pour plusieurs raisons, notamment la sensibilité des informations et l’occasion de voir les allégations complètes afin de préparer une réponse de fond exhaustive. À la fin de la réunion, le président a confirmé qu’il examinerait la question et y répondrait par l’intermédiaire de l’avocat local de Binance.

Cependant, alors que nos employés quittaient les lieux, ils ont été approchés par des inconnus qui leur ont suggéré de verser un paiement pour régler les allégations. Plus tard ce même jour, notre avocat local (qui nous représentait à ce moment-là) a été convoqué par la HCFC par l’intermédiaire d’une personne prétendant être son agent, qui a transmis les conditions de la HCFC et a demandé à notre avocat local de nous conseiller. L’avocat a répondu qu’il avait eu connaissance d’une demande de versement secret d’une somme de cryptomonnaies dans un délai de 48 heures pour régler ces problèmes, et que notre décision était attendue pour le matin suivant. L’inquiétude de notre équipe pour sa sécurité au Nigeria a grandi, et elle est immédiatement partie. Bien entendu, nous avons refusé cette demande de paiement par l’intermédiaire de notre avocat, ne considérant pas qu’il s’agissait d’une offre de règlement légitime, et nous avons indiqué que nous entamerions des négociations en vue d’un règlement aux conditions suivantes :

  • Binance doit voir la pétition en question et/ou le détail de toutes les allégations.

  • Tout règlement doit être officiel, consigné par écrit et signé par toutes les parties concernées.

  • Tout règlement doit englober la totalité des organismes concernés et régler complètement et définitivement toutes les allégations, y compris toute éventuelle obligation fiscale historique, le cas échéant, avec des garanties.

  • Bien que les modalités exactes de n’importe quel règlement doivent parfois rester privées, le public devait savoir dans une certaine mesure que nous étions parvenus à trouver une résolution.

  • Il ne doit pas y avoir d’audience publique devant la HCFC.

  • Nos sous-traitants et employés ne doivent pas être intimidés, harcelés ou détenus.

Notre avocat a relayé les conditions de Binance, qui ont initialement été refusées ; notre avocat nous a néanmoins informés que la HCFC avait fini par accepter les exigences décrites ci-dessus.

Peu après le retour de notre équipe, le NFIU a transmis le projet du mémorandum d’entente, qui définit l’engagement de Binance à déposer volontairement des RAS/DOD, à former les forces de l’ordre nigérianes et régionales, et à assurer la coopération entre les deux parties. Nous avons considéré ce projet comme un pas en avant dans les efforts de coopération visant à rendre les cryptomonnaies plus sûres et exemptes d’activités criminelles. 

Le 5 février, un conseiller de Binance ayant des liens étroits avec des fonctionnaires nigérians a conseillé d’organiser une réunion avec le directeur du Bureau du conseiller national pour la sécurité (ONSA), qui deviendrait primordial pour l’implantation de Binance au Nigeria. Une nouvelle fois, nous avons vu cette initiative comme une évolution positive : plutôt que de traiter avec plusieurs organismes/services, nous serions en mesure d’adresser toutes les communications à un représentant très haut placé et hautement respecté des forces de l’ordre du Nigeria. 

Début février, notre équipe communiquait avec l’ONSA et l’EFCC pour discuter des possibilités de réunion. Dans l’un de ces e-mails, nous expliquions le « rôle central (que nous jouons) dans les efforts mondiaux d’application de la loi. Nous collaborons avec les forces de l’ordre du monde entier en menant des enquêtes conjointes et en leur offrant notre l’aide en cas de nécessité. Nous avons notamment établi une relation solide et productive avec nos homologues nigérians, y compris l’EFCC. » L’ordre du jour de la réunion proposé par Binance comprenait les points suivants :

  • Présentation de Binance et de notre programme mondial d’opérations et de conformité.

  • Coopération de Binance avec l’EFCC et le NFIU à ce jour.

  • Présentation de l’engagement auprès de la SEC, des mesures prises de bonne foi par Binance pour se conformer aux directives de la SEC et de l’aide de l’ONSA pour l’avenir.

  • Une pétition avant les recommandations de la HCFC et de l’ONSA sur l’engagement.

  • Une stratégie pour améliorer notre engagement et renforcer notre relation avec l’ONSA. 

Une réunion était prévue le 26 février 2024 à 14 h dans les bureaux de l’ONSA à Abuja, au Nigeria. La présence des représentants gouvernementaux suivants avait été confirmée : le conseiller à la sécurité nationale, le directeur général de la SEC et le gouverneur adjoint de la Banque centrale du Nigeria (CBN). 

Malgré les risques évidents, Tigran Gambaryan et Nadeem Anjarwalla (directeur de Binance Afrique) ont été plusieurs fois assurés qu’ils seraient en mesure de se rendre en toute sécurité à leurs réunions. 

Les réunions du 26 février

Le 26 février, Tigran et Nadeem se sont rendus au Nigeria et ont assisté aux réunions prévues. Comme mentionné ci-dessus, ils ont été assurés plusieurs fois qu’aucune menace ne pèserait sur leur sécurité. Lors de leur premier rendez-vous, ils ont rencontré des dirigeants de l’ONSA, du bureau du président, de la Banque centrale, du NFIU, de l’EFCC et de la SEC.

Le ton de la réunion était neutre, ni amical ni hostile, et les deux heures de rencontre ont laissé présager des progrès généraux.

L’un des dirigeants de l’EFCC, de qui Tigran s’était rapproché au cours des derniers mois, a confié en aparté à nos deux collègues que tout se présentait pour le mieux, et que Tigran et Nadeem n’avaient pas à s’inquiéter. Ces derniers ont été informés qu’une autre réunion aurait lieu très bientôt, en présence cette fois des plus hauts dirigeants de l’ONSA, de la CBN, de la SEC et du ministère des Communications, de l’Innovation et de l’Économie numérique. 

Après avoir patienté plus de deux heures, les employés de Binance ont été invités à entrer dans une salle de réunion en compagnie de participants qui n’étaient pas ceux annoncés : quatre membres de l’EFCC. 

Le dirigeant de ce groupe a adopté une attitude hostile, déclarant que les problèmes concernant Binance relevaient de la sécurité nationale et formulant les demandes suivantes :

  • Délister le naira de la plateforme Binance (c’était la première fois que cette demande était formulée de manière explicite par les autorités nigérianes à Binance).

  • Fournir des détails granulaires sur tous les utilisateurs nigérians.

  • Fournir des détails sur la conformité financière/fiscale.

Les représentants de l’EFCC ont en outre expliqué que tant que Binance ne répondrait pas à ces demandes, Tigran et Nadeem resteraient leurs « invités » et seraient transférés dans un complexe de haute sécurité pour des « raisons de sécurité ». Ils ont aussi exigé que Tigran et Nadeem leur remettent leurs passeports. 

À la fin de la réunion, Tigran et Nadeem ont été escortés jusqu’à leur hôtel, où ils ont été invités à rassembler leurs effets personnels avant d’être conduits au complexe sécurisé, sous le contrôle de l’ONSA. Leurs téléphones portables ont été confisqués, et il leur a été interdit sans équivoque de quitter les lieux. Nadeem et Tigran n’avaient aucun contrôle sur quand et avec qui ils parlaient.

C’est à ce moment-là que la détention de Tigran (un citoyen américain) et de Nadeem (un citoyen à la double nationalité britannique et kenyane) a débuté. Le haut-commissariat du Royaume-Uni et l’ambassade des États-Unis ont été alertés pendant la nuit de leur situation.

Le lendemain, l’avocat de Binance a envoyé un e-mail aux dirigeants de l’ONSA en leur demandant de « clarifier de toute urgence la base légale de la détention de [ses] employés », faisant remarquer que les ambassades de leurs pays respectifs (américaine pour Tigran et britannique pour Nadeem) avaient été informées de la situation. Parlant au nom de Binance, il a également ajouté que « Nos employés nous ont rapporté qu’après leurs conversations avec vous hier, votre principale inquiétude était le listing du naira en tant qu’actif tradable sur la plateforme Binance. Jusqu’alors, nous n’avions pas connaissance de cette préoccupation concernant le listing du naira sur notre plateforme.  Nous sommes prêts à délister le naira de la plateforme Binance ; cependant, nous vous demandons de garantir la libération immédiate de Tigran et Nadeem et leur liberté de circulation, notamment de permettre leur départ du Nigeria. »

Le même jour, l’ONSA a répondu par e-mail en déclarant que Tigran et Nadeem étaient leurs « invités » et traités avec « hospitalité ». 

Nous avons également reçu la confirmation ce même jour que les gouvernements des États-Unis et du Royaume-Uni avaient été informés de la situation et qu’ils la suivaient de près.

Les 24 heures suivantes ont été marquées par un comportement agressif envers Tigran et Nadeem, qui ont été accusés personnellement d’être responsables de la situation du naira et de l’économie en général, et visés par des allégations de financement du terrorisme et de blanchiment d’argent. 

Le 28 février, nous avons retiré les paires de naira de notre site et coupé l’accès à certains produits pour le Nigeria sur la plateforme Binance. Nous en avons informé l’ONSA dans un nouvel e-mail et avons demandé que Tigran et Nadeem soient immédiatement « conduits en toute sécurité à l’aéroport ».

Nous n’avons reçu aucune réponse officielle de l’ONSA ce jour. 

Ce jour-là, le même dirigeant de l’EFCC dont Tigran était devenu proche au cours des derniers mois s’est effondré devant Tigran, se confondant en excuses et assumant la responsabilité de la situation dans laquelle se trouvaient les deux employés, car il avait donné à Tigran et Nadeem sa parole que tout se passerait bien et que la réunion serait amicale. 

Peu de temps après, la nouvelle de la détention de Tigran et Nadeem a fait la une de la presse du monde entier. Près d’un mois plus tard, le 23 mars, nous avons appris que Nadeem avait échappé à cette détention illégale : à partir de ce moment-là, les choses se sont empirées pour Tigran. 

La situation actuelle

Lors de l’audience de libération sous caution de Tigran Gambaryan le 25 avril, le procureur de l’EFCC a déclaré au tribunal que « Le premier accusé [Binance] opère virtuellement. Nous devons conserver cet accusé [Tigran], car il est tout ce que nous avons dans cette affaire. »

Le message du gouvernement nigérian est clair : il se sent obligé de détenir un employé innocent de niveau intermédiaire et un ancien agent fédéral américain dans une prison dangereuse afin de contrôler Binance.

Depuis que j’ai assumé le rôle de PDG de Binance, je me suis engagé à collaborer avec les autorités réglementaires et les forces de l’ordre du monde entier pour préserver l’intégrité du système financier mondial. 

Cela fait deux ans et demi que Binance travaille sans relâche pour restructurer son organisation et son personnel, et mettre à niveau ses systèmes. Nous avons mis en place une nouvelle direction expérimentée en matière de conformité et aux antécédents impressionnants, dont les membres ont occupé des postes dans les principales institutions financières classiques et des grandes entreprises technologiques, au sein des forces de l’ordre et d’entreprises majeures, pour ne citer que quelques exemples. 

Aujourd’hui, l’équipe de direction de Binance, moi-même inclus, rendons compte à un conseil d’administration qui, en tant qu’intendant de l’entreprise, est responsable de protéger les intérêts de celle-ci et de prendre des décisions importantes pour assurer sa durabilité et sa viabilité à long terme. C’est grâce à ce processus que notre plateforme est devenue plus solide, plus sûre et encore plus conforme et sécurisée pour nos utilisateurs. Nous avons considérablement évolué en tant qu’entreprise. 

Cette épreuve a profondément affecté Tigran, sa famille et ses amis, ainsi que toute la communauté Binance. Comme expliqué ci-dessus, pour dissiper tout doute sur les suggestions selon lesquelles nous avions une part de responsabilité dans la crise monétaire du pays et comme preuve de notre bonne foi, j’ai pris la décision difficile plus tôt ce mois-ci de couper l’accès à un de nos produits sur la plateforme Binance pour le Nigeria et d’interrompre le trading de toutes les paires de naira sur le produit d’échange Spot sur la plateforme Binance. En prenant cette mesure drastique, nous espérions que nos collègues seraient libérés et que Binance pourrait continuer à collaborer avec le gouvernement nigérian pour résoudre tout autre problème : malheureusement, cela n’a pas été le cas. 

Nous continuons à faire tout notre possible pour soutenir Tigran, et ce, quoiqu’il arrive. 

Laissez Tigran rentrer chez lui auprès de sa famille. Binance fera exactement ce qu’elle a fait volontairement plus de 600 fois par le passé avec les forces de l’ordre nigérianes. Nous nous efforcerons toujours de protéger les utilisateurs innocents, et les acteurs malveillants ne sont pas les bienvenus sur notre plateforme : nous travaillerons dur avec nos partenaires publics et privés pour les exclure. Nous poursuivrons également notre collaboration avec le Service fédéral des recettes intérieures (FIRS) du Nigeria pour résoudre les éventuelles obligations fiscales historiques.

Je ne comprends toujours pas pourquoi les représentants du gouvernement nigérian refusent d’accepter cette solution. Le gouvernement nigérian dispose d’un pouvoir extraordinaire sur l’avenir de Binance et du secteur crypto au sens large au sein de ses frontières. Au final, Binance désire simplement un avenir où nous travaillerons main dans la main avec le gouvernement nigérian pour contribuer à la construction d’une économie forte, qui bénéficie au peuple nigérian. Cette crise doit cependant être résolue rapidement, et Tigran doit être autorisé à rentrer chez lui si nous voulons aller de l’avant. 

Binance reste déterminée à adopter une approche innovante en matière d’utilisation des actifs et des plateformes numériques, mais nous devons également construire un avenir où nous sommes considérés comme des acteurs bienveillants au sein de la communauté internationale, une opinion qui reflète celle que nous avons de notre entreprise. 

Je tiens à exprimer ma plus profonde gratitude pour les nombreux messages de soutien que nous avons reçus du monde entier en réponse à cette crise, et j’espère être bientôt en mesure d’annoncer que nos employés sont en sécurité chez eux, auprès de leur famille.

Richard Teng, PDG de Binance.