En dépit des dénégations des autorités françaises, des faits faisant apparaître l'arrestation du fondateur de la messagerie cryptée Telegram comme une manœuvre politique déguisée ne cesse de s'accumuler.
Pavel Durov a été interpellé samedi 24 août dernier, alors que son jet privé venait d'atterrir près de Paris en France. De nombreuses voix se sont vite élevées, partout dans le monde, pour dénoncer cette arrestation que beaucoup perçoivent comme une grave atteinte à la liberté d'expression et de communication.
Le 26 août, le président français Emmanuel Macron s'est résolu à faire une déclaration sur X, niant les accusations selon lesquelles la détention de Pavel Durov cacherait des mobiles politiques. Des dénégations qui n'ont manifestement pas convaincu l'opinion publique internationale, d'autant plus que d'autres informations embarrassantes pour les autorités françaises n'ont pas tardé à circuler.
Ce même jour, un porte-parole de la Commission européenne a en effet déclaré que l'arrestation du fondateur de Telegram n'avait rien à voir avec les obligations de l'entreprise en vertu de la loi sur les services numériques (DSA) de l'UE, marquant ainsi la volonté de la Commission européenne de prendre ses distances avec la France.
"Les poursuites pénales ne font pas partie des sanctions potentielles en cas de violation de la loi sur les services numériques. La loi sur les services numériques ne définit pas ce qui est illégal et n'établit pas non plus d'infraction pénale ; elle ne peut donc pas être invoquée pour procéder à des arrestations", a notamment déclaré le porte-parole.
L'arrestation du dirigeant d'une plate-forme numérique pour des infractions commises par les usagers de cette plate-forme est en effet sans précédent dans le monde et la Commission européenne semble ne pas vouloir apparaître comme cautionnant un tel acte.
Pour ne rien arranger, l'hebdomadaire français "Le Canard enchaîné" a révélé hier, 27 août, que Pavel Durov aurait déclaré lors de son interpellation qu'il devait diner le soir même de son arrivée avec le président Macron. Bien que les services de la présidence aient démenti, cette déclaration de Pavel Durov soulève des interrogations sur l'implication du président français dans l'affaire en cours.
Elle pousse à penser que le président Macron aurait lui-même attiré Pavel Durov en France en l'invitant à dîner, pour donner l'occasion aux services de sécurité du pays de l'incarcérer.
Si cette déclaration s'avérait exacte, il deviendrait alors claire que l'arrestation de Pavel Durov est éminemment politique et que les charges (du reste fantaisistes, pour nombre d'entre elles) agitées contre lui ne sont qu'un paravent et un prétexte pour tenter de couvrir des motivations bien plus sombres.
Quoiqu'il en soit, l'image de la France risque d'être gravement entachée par cette sombre affaire. Jusqu'à présent, aucun autre pays n'avait osé traiter un dirigeant d'entreprise numérique de communication comme un vulgaire criminel. La France ouvre là un dangereux précédent pour la liberté d'expression et de communication.
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