Points clés à retenir

  • Le Web3 Festival de Hong Kong s’est déroulé du 12 au 15 avril, et a été l’un des plus grands événements crypto jamais organisés dans la ville. 

  • À l’occasion du premier jour du festival, CZ a pris la parole lors d’une discussion informelle ayant pour sujet « L’avenir de la CeFi ».

  • Les thèmes principaux de la discussion : la sécurité des actifs, la confiance, l’expérience utilisateur, la réglementation, l’opposition entre la CeFi et la DeFi, l’adoption de masse et l’avenir du secteur.

Changpeng Zhao (CZ), le PDG de Binance, a pris la parole pendant le Web3 Festival de Hong Kong lors d’une discussion informelle virtuelle ayant pour thème « L’avenir de la CeFi ». Ce festival de quatre jours était l’un des plus grands événements crypto jamais organisés par la ville de Hong Kong, et a débuté le 12 avril 2023 avec plus de 10 000 participant(e)s et accueillant 100 projets du Web3 pour discuter de l’avenir de la blockchain. 

Les thèmes principaux de la discussion informelle avec CZ incluaient la sécurité des actifs, la confiance, l’expérience utilisateur, la réglementation, l’opposition entre la CeFi et la DeFi, l’adoption de masse et l’avenir du secteur. Cet article résume ses propos. Remarque : par souci de clarté, cette transcription a été modifiée et/ou raccourcie.

Sécurité des actifs

Certaines personnes affirment que la CeFi est par essence moins sûre que la DeFi, en raison de sa dépendance vis-à-vis d’une infrastructure centralisée. Comment Binance garantit-elle la sécurité des fonds des utilisateurs/utilisatrices ?

CZ : Les caractéristiques de la CeFi et de la DeFi sont différentes, et aucune n’est plus sûre que l’autre : il faut observer les mesures de sécurité dans les deux domaines.

La CeFi peut devenir très transparente si l’on met en place certains dispositifs, comme une preuve de réserves qui permet de vérifier que les fonds se trouvent bien sur la blockchain. C’est une mesure adoptée par Binance, qui a aussi rendu publiques nos adresses de portefeuille. Lorsqu’une entreprise de la CeFi fait preuve de transparence, elle peut devenir plus ouverte qu’un fournisseur de services financiers classique. 

Quant à la DeFi, la possibilité de détenir ses propres clés peut représenter un atout si celles-ci sont correctement conservées : les utilisateurs et utilisatrices disposent ainsi d’une meilleure autonomie et d’un plus grand contrôle. De nos jours, la plupart d’entre eux et d’entre elles ont toutefois encore besoin d’aide pour les conserver en toute sécurité, un processus encore souvent considéré comme complexe et nécessitant de suivre de nombreuses étapes.

Au final, la CeFi et la DeFi ont toutes deux des spécificités différentes en ce qui concerne les risques et la sécurité, et nous ne devrions pas adopter un point de vue unilatéral qui prétend qu’un domaine est plus performant que l’autre. 

Confiance

Comment les utilisateurs et utilisatrices peuvent-ils/elles accorder leur confiance aux entreprises de la CeFi en toute sérénité ? Quelles mesures les entreprises crypto et de la CeFi peuvent-elles encore prendre pour renforcer la confiance des utilisateurs, des utilisatrices et des parties prenantes concernées ?

CZ : Pour la confiance, je m’assure de prendre en compte trois facteurs importants.

Le premier : l’utilité de la technologie. Nous travaillons dans un secteur dit « sans confiance », où la technologie est utilisée à des fins de vérification, et la plupart des blockchains permettent aux utilisateurs et utilisatrices de vérifier directement où se trouvent leurs fonds, d’afficher leurs propres clés, etc. 

Le deuxième facteur est celui du rôle de la communauté. Qu’ils se servent ou non de la blockchain, tous les services et toutes les plateformes doivent gagner la confiance de la communauté. Cette confiance doit se construire progressivement, et cela est particulièrement vrai pour les plateformes centralisées qui la gagnent par leurs actions. Binance est passée par là, et la confiance que lui accordent ses utilisateurs et utilisatrices est exceptionnellement forte.

Le troisième et dernier domaine est celui de l’apprentissage autonome de la gestion des risques. La CeFi, la DeFi et la finance classique présentent toutes des risques, et nous devons apprendre à les gérer efficacement nous-mêmes. En fin de compte, il est crucial d’avoir une vue équilibrée sur tous les paramètres.

Expérience utilisateur

Pouvez-vous nous donner quelques exemples de mesures mises en place par Binance pour améliorer l’expérience des utilisateurs et des utilisatrices ? Pensez-vous que la CeFi peut aller encore plus loin pour améliorer l’expérience utilisateur et attirer de nouveaux internautes dans le Web3 ?

CZ : Je reconnais que l’expérience actuelle des utilisateurs et des utilisatrices sur le Web3 et dans la CeFi reste à améliorer, mais cette amélioration passe par de nombreuses étapes. Par exemple, il n’est pas aussi simple de parcourir le Web3 que de naviguer sur le Web2. 

Sur le Web3, ce sont l’argent et les actifs des utilisateurs et utilisatrices qui sont manipulés : par conséquent, il faut d’abord penser à la sécurité, et des dispositifs comme le KYC et la demande de justificatifs de domicile sont indispensables à cet égard. Le secteur n’est pas encore parvenu à mettre en place une sécurité forte mais facilement accessible par les internautes, et malheureusement, la qualité de la sécurité est inversement proportionnelle à sa facilité d’utilisation.

Nous avons toutefois appliqué de nombreuses procédures de sécurité, et grâce aux améliorations technologiques, nous avons l’intention de diminuer leur nombre. Binance a cependant déjà fait beaucoup pour améliorer l’expérience des utilisateurs et des utilisatrices : même dans le cadre du KYC, les mesures sont adaptées à chaque pays ou région. Nous tentons le plus possible de localiser nos solutions à l’aide des bases de données gouvernementales, des fournisseurs et des outils spécialisés. 

CeFi ou DeFi ?

La CeFi est largement critiquée du fait de ses valeurs opposées au principe fondamental de décentralisation des cryptomonnaies. Que pensez-vous de cette critique ? Selon vous, quels sont les avantages et les inconvénients de la CeFi et de la DeFi ? Croyez-vous que ces deux écosystèmes pourront un jour coexister ?

CZ : La CeFi n’est pas apparue en opposition à la DeFi, et la DeFi ne s’oppose pas non plus à quelque domaine que ce soit. Dans un univers véritablement décentralisé, tout le monde évoluerait de son côté : dès que des projets et des initiatives sont créés, cela devient une affaire de centralisation. Des espaces de centralisation existeront toujours, même au sein du monde décentralisé.

La CeFi unit les univers de la finance classique et de la DeFi, et nous entretenons ces liens dans les deux sens. Nous devons les aborder comme des écosystèmes complémentaires qui répondent chacun aux lacunes de l’autre, des lacunes encore nombreuses que nous nous efforçons de combler. Ce n’est pas une compétition : il faut grandir ensemble pour renforcer le secteur.

Adoption massive

Quel serait l’élément déclencheur de l’adoption massive de la blockchain et des cryptos ?

CZ : Il n’est jamais facile de prédire le prochain déclic qui provoquera une adoption de masse. Début 2013, je n’aurais jamais parié sur un tel envol du Bitcoin, et début 2017, je ne parlais même pas des ICO ! Pendant l’été 2020, la DeFi faisait couler beaucoup d’encre, et en 2021, les NFT étaient le sujet à la mode. Ce qui compte pour Binance, c’est de fournir un écosystème où il est possible d’essayer différentes choses, car leur popularité peut exploser à des moments différents. 

Si je devais choisir un possible événement déclencheur dans le climat actuel, ce serait l’intérêt accru de nombreux pays du monde pour le secteur crypto et leurs premières tentatives pour le réglementer. Ce phénomène, associé aux limites du secteur de la finance classique, peut stimuler l’adoption des cryptos. 

Réglementation

Quels conseils donneriez-vous aux autorités réglementaires afin de concevoir un cadre réglementaire réfléchi destiné à la CeFi et au secteur de la blockchain dans son ensemble, et quelles seraient vos suggestions aux acteurs du secteur qui interagissent avec ces autorités réglementaires ?

CZ : Ce sujet est de la plus haute importance. L’absence de clarté réglementaire constitue la pire situation qui soit, et une réglementation restrictive y serait encore préférable : pas idéale, mais il existerait au moins des règles claires. Des réglementations obscures et une application ambiguë nous compliquent la tâche.

Nous préférerions adhérer à des cadres réglementaires limpides, même si toute directive réglementaire présente des avantages comme des inconvénients. Il faut toujours prendre en compte certains éléments lorsqu’il s’agit de trouver l’équilibre optimal, qui est susceptible de changer au fil du temps. En règle générale, lorsqu’un secteur est encore en plein développement, il vaut mieux le laisser évoluer, car il est impossible de prédire ce qui deviendra populaire et de le réglementer en conséquence. 

Les acteurs malveillants existent et existeront toujours dans tous les secteurs, et pour les mettre hors d’état de nuire, il faut décider d’un cadre réglementaire adéquat. Les autorités ont tendance à appliquer les règles de la finance classique aux cryptos, mais les cryptos sont différentes, et même des questions basiques comme la définition des actifs crypto pose problème car ils se divisent en de nombreuses catégories différentes. 

Pour des résultats optimaux, les autorités réglementaires doivent comprendre tous les rouages de l’univers crypto : c’est pourquoi il est essentiel de faire le premier pas vers les régulateurs, les régulatrices et les décideurs et décideuses politiques, et d’organiser des conférences telles que celle-ci. 

En ce qui concerne les acteurs du secteur crypto, nous devons tendre la main aux autorités réglementaires et gouvernements du monde entier. Nous devons entamer un dialogue ouvert, et nous montrer patients : c’est grâce à des discussions sincères et des collaborations entre les acteurs du secteur et les autorités réglementaires que nous pourrons voir évoluer les cadres au fil des années, à mesure que nous avançons vers un équilibre optimal.

Perspectives d’avenir

Du point de vue des innovations ou des nouvelles technologies, qu’est-ce qui vous enthousiasme le plus dans la sphère blockchain ou crypto cette année ?

CZ : Je me réjouis de beaucoup de choses différentes, même si je suis plus attentivement les applications fondamentales, et moins les expériences ou premières innovations. Ce n’est que lorsque le fonctionnement normal d’une nouveauté est prouvé que je commence à m’y intéresser et à réfléchir à la façon dont je pourrais la mettre à la disposition de peut-être plusieurs milliards de personnes. 

De nombreuses expériences captivantes sont actuellement en cours, mais au final, je pense que nous devons nous atteler à résoudre le problème des portefeuilles, qui ne sont pas encore suffisamment accessibles pour de nombreux utilisateurs et de nombreuses utilisatrices. Cela représente un frein important pour l’adoption des cryptos. Binance reste avant tout un fournisseur de plateforme, qui a pour objectif d’ouvrir aux internautes la voie vers les cryptos. 

Retrouvez la discussion informelle avec CZ en intégralité sur Binance Live. Remarque : CZ prend la parole à partir de 1:25:04 jusqu’à la fin de la vidéo.

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