Les nouvelles réglementations anti-blanchiment de l'Union européenne (AMLR) ont déclenché un débat sur l'équilibre entre la lutte contre la criminalité financière et la protection de la vie privée et de la liberté économique des citoyens. Les nouvelles lois adoptées par la plupart des commissions clés du Parlement européen ont suscité des réactions mitigées de la part de nombreuses parties prenantes.
Le début de la nouvelle guerre de l'Union européenne
Suite à un article de Finbold intitulé « Les portefeuilles cryptographiques anonymes sont désormais illégaux dans l’UE », une vague d’activité s’est produite sur les réseaux sociaux au cours du week-end. Cet article cite un article de blog de Patrick Breyer (membre du Parlement européen (MPE). Il a adopté une vision sévère de la nouvelle législation restrictive. Le titre de l'article a ensuite été mis à jour pour « L'UE interdit les paiements cryptographiques et les portefeuilles anonymes ».
L'article original de Breyer soulignait que les transactions en espèces anonymes supérieures à 3 000 EUR dans les transactions commerciales seront interdites en vertu de la nouvelle réglementation. Les transactions en espèces supérieures à 10 000 EUR seront totalement interdites dans les transactions commerciales. De plus, les paiements cryptographiques anonymes vers des portefeuilles hébergés seront strictement interdits. Ces transactions n'ont même pas de seuil minimum.
Vos droits et votre liberté financière sont-ils menacés ?
Breyer s'est prononcé fermement contre la nouvelle loi à son poste. Il a déclaré que l'interdiction des paiements anonymes aurait peu d'impact sur la criminalité. Alors que cela prive les citoyens de leur liberté financière et de leur vie privée. Breyer souligne que des organisations comme Wikileaks dépendent de dons anonymes. Ces dernières sont régulièrement déposées en cryptomonnaie pour financer les opérations.
En outre, Breyer s'est dit préoccupé par les conséquences potentielles de la « guerre contre l'argent liquide ». Il a averti que la suppression progressive des liquidités pourrait conduire à des taux d’intérêt négatifs. La dépendance à l’égard des banques va augmenter. En fin de compte, cela conduit à une perte d’avantages financiers. Il appelle plutôt à trouver des moyens d’introduire les meilleures qualités de l’argent liquide dans l’avenir numérique. L’UE devrait permettre aux citoyens de payer et de faire des dons en ligne sans enregistrer les transactions individuelles.
Paiements vers des portefeuilles anonymes interdits d'échanges
Cependant, Patrick Hansen, directeur de la stratégie européenne de Circle, a clarifié ce qu'il considère comme de la désinformation autour de l'AMLR. Hansen a régulièrement rendu compte du droit européen avant de rejoindre Circle. Il a démontré une profonde compréhension de la politique. Hansen a souligné que les portefeuilles auto-hébergés ne sont pas interdits par la nouvelle réglementation. Les transactions via ces portefeuilles sont également tout à fait normales. Les transactions P2P sont également spécifiquement exclues de l'AMLR.
Hansen a admis qu'il deviendra plus difficile de payer les fournisseurs avec des crypto-monnaies en utilisant des portefeuilles auto-dépositaires sans KYC. Ils seront même bannis en fonction des paramètres du fournisseur. L'AMLR s'applique uniquement aux « entités mandatées » et aux prestataires de services. Elles ne s'appliquent pas aux fournisseurs de matériel ou de logiciels.
Selon l'AMLR, les fournisseurs de services d'actifs numériques (CASP) tels que les bourses devront suivre les procédures standard KYC/AML. Il leur est interdit de fournir des comptes anonymes ou des comptes pour des jetons privés. Hansen dit que c'est actuel et pas nouveau dans l'industrie.
Pour les transferts entre CASP et portefeuilles auto-dépositaires, AMLR exige des mesures « d’atténuation des risques ». Il peut s'agir d'analyses de blockchain ou de collecte de davantage de données sur l'origine/destination de l'actif. Ceci est conforme aux Règlements sur les transferts d’argent (TFR) de l’UE et au Groupe d’action financière (GAFI).
Le débat au sein de l’Union européenne se poursuit
Ce débat contradictoire met en évidence la tension entre la lutte contre la criminalité financière et la protection de la vie privée et de la liberté économique.
Des gens comme Patrick Breyer considèrent la réglementation comme une menace majeure. D’autres, comme Patrick Hansen, estiment que les règles sont largement cohérentes. Certaines préoccupations peuvent être exagérées. À mesure que les réglementations entreront en vigueur, il sera important de surveiller leur impact sur la lutte contre le blanchiment d’argent et sur les droits des citoyens de l’UE.
Évidemment, les nouvelles réglementations sont extrêmement strictes. Un débat fera rage sur la manière dont le fait d'exiger que les portefeuilles soient KYC empêchera les activités illégales. Les criminels transférant illégalement de l’argent vers des portefeuilles anonymes peuvent désormais simplement enfreindre deux lois au lieu d’une. Alors que les citoyens devront probablement faire un KYC pour payer une tasse de café en utilisant Lightning Wallet.
Cependant, un fait important demeure : la détention de crypto-monnaie dans un portefeuille anonyme et sans KYC n’est pas interdite dans l’UE. C'est juste qu'il y aura des limites strictes sur ce qui peut être fait avec. Les restrictions sur les transferts d’argent pourraient devenir encore plus strictes. Surtout si l’on considère les derniers projets d’une Euro CBDC numérique.