Le Financial Times (FT) a récemment publié un rapport détaillant la situation financière de Telegram, l’application de messagerie fondée par le milliardaire d’origine russe Pavel Durov, et le rôle important de la cryptomonnaie dans sa source de revenus.

Selon le rapport du FT de Robert Smith et Hannah Murphy, publié le 30 août, les résultats financiers de Telegram pour 2023, obtenus par la publication, révèlent que la société a généré 342,5 millions de dollars de revenus tout en enregistrant une perte d’exploitation substantielle de 108 millions de dollars. Ce rapport financier, signé par Durov et audité par la branche de PwC à Dubaï, souligne l’importance croissante de la cryptomonnaie dans le modèle économique de Telegram.

Un aspect notable des revenus de Telegram est sa dépendance aux actifs numériques, en particulier aux Toncoins, qui ont été développés à l’origine par Telegram mais sont désormais gérés par une communauté open source indépendante. Le rapport du FT souligne que plus de 40 % des revenus de Telegram proviennent de deux secteurs d’activité spécifiques : le « portefeuille intégré » et la « vente d’objets de collection », qui impliquent tous deux des transactions en Toncoins. Ces chiffres soulignent à quel point les transactions en cryptomonnaies sont devenues étroitement liées aux performances financières de Telegram.

Le FT met également en lumière les complexités liées à la comptabilisation de ces actifs numériques. Les états financiers de Telegram révèlent que la société a enregistré un gain modeste de 500 000 $ via son compte de résultat, mais un gain beaucoup plus important de 86 millions de dollars via les autres éléments du résultat global, tous liés à la réévaluation des actifs numériques. Selon le FT, ces gains sont le résultat de réévaluations des avoirs en cryptomonnaies de Telegram, reflétant la nature volatile du marché des actifs numériques.

De plus, le FT note que le bilan de Telegram est fortement pondéré par des actifs numériques, qui sont évalués à près de 400 millions de dollars, dépassant de loin la trésorerie et les équivalents de trésorerie de l’entreprise. Cette forte dépendance à la cryptomonnaie présente à la fois des opportunités et des risques pour Telegram, en particulier à la lumière de la récente arrestation de Durov en France pour ne pas avoir prétendument contrôlé le contenu criminel sur la plateforme. Le FT suggère que cette arrestation a eu un impact immédiat sur la valeur des Toncoins, comme en témoigne la forte baisse de leur prix suite à la nouvelle.

Outre les revenus liés aux cryptomonnaies, le rapport du FT révèle que Durov lui-même a joué un rôle important dans les activités financières de Telegram. L’année dernière, Durov a acheté pour 64 millions de dollars d’obligations convertibles de Telegram et a également acheté pour 300 000 dollars d’abonnements Telegram Premium, en utilisant des Toncoins comme moyen de paiement. Le FT indique que ces transactions mettent en évidence les liens étroits entre les finances personnelles de Durov et les opérations de l’entreprise.

Le rapport du FT évoque également les défis juridiques et réglementaires auxquels Telegram est confrontée, notamment en ce qui concerne son engagement en matière de confidentialité des utilisateurs. La valeur fondamentale de Telegram, qui est de protéger la confidentialité des utilisateurs, l’a rendue populaire auprès des utilisateurs, mais elle a également attiré l’attention des autorités de divers pays. Le FT met en évidence un avertissement dans les états financiers de Telegram selon lequel les opérations de l’entreprise pourraient être affectées par des changements dans les cadres juridiques et réglementaires, une préoccupation qui semble particulièrement pertinente à la lumière de la récente arrestation de Durov.

Enfin, le FT soulève des questions sur la valorisation de Telegram, que Durov a déclaré plus tôt cette année à « plus de 30 milliards de dollars ». Le rapport suggère que cette valorisation pourrait être optimiste, compte tenu de la dépendance de l’entreprise à la cryptomonnaie et des dépenses d’exploitation substantielles qu’elle engage par rapport à ses revenus. Le FT conclut que même si Telegram a réussi à tirer parti de la cryptomonnaie pour renforcer ses revenus, l’entreprise est confrontée à des défis importants pour s’orienter dans un paysage réglementaire complexe et en évolution rapide.

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