Le régulateur français de la concurrence a officiellement accusé Nvidia de monopoliser le secteur des cartes graphiques, marquant la première enquête officielle visant le premier fabricant mondial de puces.

Selon les informations de Reuters, Nvidia a reçu une « notification de protestation », équivalente à une mise en examen officielle, après une enquête inattendue des autorités françaises depuis septembre 2023.

L'enquête se concentre sur le secteur des cartes graphiques, dans le cadre d'une enquête plus large sur le cloud computing.

La demande pour les puces de Nvidia a grimpé en flèche après le lancement de l'application de génération d'IA ChatGPT, car il s'agit d'un fabricant leader de puces utilisées à la fois pour l'intelligence artificielle (IA) et l'infographie. Cette poussée de croissance a attiré l’attention des régulateurs des deux côtés de l’Atlantique.

Alors que Nvidia a annoncé l'année dernière dans un dossier réglementaire que les régulateurs de l'Union européenne, de la Chine et de la France lui avaient demandé de fournir des informations relatives à son activité de cartes graphiques, Nvidia et les autorités françaises ont refusé de commenter officiellement les dernières allégations.

Cependant, des sources proches ont déclaré qu'il était peu probable que la Commission européenne élargisse actuellement l'enquête préliminaire sur Nvidia, car les autorités françaises enquêtent activement.

Les inquiétudes quant aux risques d'abus de position de monopole de la part des fournisseurs de puces, notamment dans le contexte de l'essor de l'IA, ont été clairement exprimées par l'organisme de surveillance français dans un rapport sur la concurrence dans le domaine de l'IA générative, annoncé le 28 juin.

Plus précisément, l'agence s'inquiète de la dépendance de l'industrie à l'égard du logiciel de programmation de puces CUDA de Nvidia, le seul système 100 % compatible avec les GPU, devenu indispensable pour le calcul accéléré.

En outre, les récents investissements de Nvidia dans des fournisseurs de services cloud axés sur l'IA, comme CoreWeave, sont également un sujet de préoccupation.

Le logo de Nvidia est visible lors du salon informatique annuel Computex à Taipei, Taiwan, le 30 mai.

S’il est reconnu coupable, Nvidia risque une amende maximale pouvant aller jusqu’à 10 % du chiffre d’affaires annuel mondial pour violation de la loi antitrust française. Cependant, l’entreprise peut proposer des concessions pour éviter des amendes.

Le succès de Nvidia dans l'engouement pour l'IA a été prouvé par la valorisation vertigineuse de l'entreprise, qui est passée de 1 000 milliards de dollars en mai 2023 à 2 000 milliards de dollars en février 2024 et à 3 000 milliards de dollars en novembre 2024.

Aux États-Unis, le ministère de la Justice mène une enquête antitrust sur Nvidia, Microsoft et OpenAI, pour évaluer l'influence de ce trio sur l'industrie de l'IA. L’enquête a été menée en juin 2024, après que le ministère de la Justice et la Federal Trade Commission se sont partagé les responsabilités de supervision des géants de la technologie.